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Yves Navarre, Œuvres complètes 1977-1979 : les années fastes

Le troisième volume des Œuvres complètes d’Yves Navarre est disponible en librairie. L’ouvrage couvre les années 1977-1979 et reflète la richesse de l’écriture romanesque de l’auteur. Il comprend en effet cinq romans (Le petit Galopin de nos corps, Kurwenal ou la part des êtres, Je vis où je m’attache, Portrait de Julien devant la fenêtre et Le Temps voulu), deux nouvelles et une pièce de théâtre inédite. La présidente des Amis d’Yves Navarre Sylvie Lannegrand présente ce beau livre publié chez H&O.

Comment qualifieriez-vous, dans l’œuvre d’Yves Navarre, l’époque 1977-1979 sur laquelle porte ce troisième volume des Œuvres complètes ?

Ce troisième tome s’inscrit dans la droite ligne des textes des deux premiers volumes. On y retrouve les grands thèmes qui traversent l’œuvre : l’enfance, la famille, la mémoire des origines, l’homosexualité, la fragilité de la rencontre, la solitude. Le ton a perdu un peu de la provocation qui caractérisait plusieurs textes du début des années 70 et qui était alors dans l’air du temps. Les années 1977-1979 montrent que le romancier s’est affirmé, tout en continuant à s’intéresser au théâtre et à la nouvelle, auxquels il faut ajouter le journal, que l’auteur tenait régulièrement depuis 1971. Il s’agit à la fois d’une période faste, pendant laquelle Yves Navarre ne rédige pas moins de cinq très beaux romans, et d’une période charnière qui mène à la rédaction de Biographie et du Jardin d’acclimatation, deux livres majeurs.

Ce volume comprend une majorité de romans mais propose aussi une pièce de théâtre inédite et deux nouvelles rares. Dites-nous en plus…

Effectivement, ce sont les romans qui dominent, et ils sont parmi les plus connus de l’auteur. Prenons les trois premiers sur les cinq que contient le volume. L’auteur y décline toutes les formes de l’amour : amour entre deux hommes, amis d’enfance qui ont épousé deux sœurs au début du siècle (c’est la très belle histoire de Joseph et Roland dans Le petit Galopin de nos corps) ; amour conjugal, maternel et filial dans le portrait inoubliable d’une mère (c’est la vie bouleversante d’Adrienne dans Je vis où je m’attache) ; amours déçues d’un journaliste arrivé à un tournant de sa vie personnelle et professionnelle (c’est la fin de parcours de Pierre dans Kurwenal ou la part des êtres). Il est aussi question d’amour et de ruptures dans la pièce radiophonique Les Empreintes digitales, inédit qui vient enrichir ce volume. Nous en avons récemment retrouvé l’enregistrement audio par les comédiens Françoise Christophe et Michel Vitold pour Les Tréteaux de la nuit. Les deux nouvelles, textes rares, sont tout à fait intéressantes. La Nuit la plus longue concerne un auteur oublié mais qui continue de vivre pour l’écriture, et Au petit bonheur brosse le portrait d’une domestique âgée et désormais seule, qui prend un jour de vacances pour rompre la monotonie du quotidien. Ce troisième volume illustre bien le talent d’Yves Navarre romancier mais aussi dramaturge et conteur.

Qu’est-ce qui fait selon vous que les romans d’Yves Navarre séduisent de nouvelles générations ?

L’intérêt pour l’écriture d’Yves Navarre renaît. Il faut s’en féliciter. On observe en fait deux phénomènes : de nouvelles générations découvrent une œuvre qu’ils ne connaissaient pas, la lisent pour leur plaisir et parfois l’étudient dans le cadre d’études universitaires. Parallèlement, de jeunes créateurs sont inspirés par son écriture. Je pense en particulier au compositeur Julian Lembke qui a travaillé sur un roman, une pièce de théâtre et des poèmes de l’auteur, ainsi qu’à Bruno Bisaro, auteur-compositeur-interprète et comédien, qui a interprété des poèmes de l’auteur et qui, actuellement, met en scène la pièce Les Valises. C’est là un merveilleux hommage. Comment expliquer ce regain d’intérêt ? Certes, les divers projets auxquels nous consacrons toute notre énergie depuis plus de cinq ans ont contribué à redonner une certaine visibilité à l’auteur. Mais la raison première est sans nul doute la puissance évocatrice de l’écriture d’Yves Navarre, musicale, poétique, sensuelle, une écriture qui joue sur différentes temporalités et opte pour une esthétique fragmentaire pour évoquer des sujets toujours d’actualité. L’œuvre d’Yves Navarre est une source d’inspiration particulièrement riche, toutes générations confondues.

 


Œuvres complètes 1977-1979, Yves Navarre
• Romans : Le petit Galopin de nos corps Kurwenal ou la part des êtres Je vis où je m’attache Portrait de Julien devant la fenêtre Le Temps voulu
• Théâtre : Les Empreintes digitales
• Nouvelles : Au petit Bonheur – La Nuit la plus longue.
• Préface et présentation des textes : Sylvie Lannegrand.
• Commentaires : Philippe Leconte.
• Un cahier photos de 32 pages.
Ouvrage  de 1360 pages, relié cartonné avec tranchefile, signet tissu, jaspage des tranches bleu roi.
Prix public 42 euros.
Éditions H&O, novembre 2021.

Ci-dessous les trois volumes parus de 2018 à 2021.

Crédits photo : Ph. Ferrer.

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