Claude Guerre publie sa « Rencontre avec Yves Navarre »
- Karine
- Juin, 03, 2024
- Édition, Lu pour vous
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Dans Une Rencontre avec Yves Navarre, livre-recueil en quatre parties, Claude Guerre revient avec sensibilité et finesse sur une double rencontre : celle d’un auteur, brève et mémorable et celle, pérenne, d’une œuvre lue au rythme des publications.
La modestie du titre de l’ouvrage dissimule le bouleversement qu’ont été l’une et l’autre de ces rencontres, ce dont témoignent les pages de la première partie, court récit très personnel où l’émotion, on le sent, est tout aussi vive qu’elle l’était alors. La rencontre avec l’homme fut marquante. Définie comme « intellectuelle et amicale », elle eut lieu en 1978 et dura quelques années, au fil des ouvrages d’Yves Navarre et des chroniques de Claude Guerre. Les extraits de correspondance cités illustrent la complexité des relations que pouvait nouer le romancier avec les autres, en particulier lorsqu’il s’agissait de ce qui lui était le plus cher : son écriture.
Une lecture rigoureuse et une analyse ciselée de l’œuvre
Ce qui précéda la rencontre avec l’homme fut la découverte de l’auteur et d’une écriture, née de ces hasards qui n’en sont pas, et le désir d’appréhender l’œuvre dans sa complexité par une recherche patiente et attentive. La deuxième partie de l’ouvrage intitulée « Les chroniques de Troyes » regroupe les articles de Claude Guerre publiés dans Libération-Champagne en 1978, 1979 et 1980 et portant sur plusieurs romans de l’époque : Kurwenal ou la Part des êtres, Je vis où je m’attache, Portrait de Julien devant la fenêtre, Le Temps voulu et Le Jardin d’acclimatation auquel sont consacrées deux chroniques, la deuxième écrite à l’occasion de l’annonce du prix Goncourt. Il se dégage de ces pages une lecture rigoureuse et une analyse nullement entravée par la relative brièveté de tels articles de presse. Glanées au fil de la lecture, ces remarques si justes sur les textes dont traitent les chroniques : « une écriture de la rupture mais aussi de la tendresse », « d’une lucidité poignante », « porteur des préoccupations les plus actuelles, mais aussi les plus dérangeantes », écriture qui « s’épure jusqu’à retenir le plus ténu, le plus fragile de l’instant », « éclats de langage, coups au cœur », « un ton lucide qui dissipe les illusions ».
La partie la plus dense du livre, expansion du sujet de thèse, relève de cette même modestie dont nous parlions plus haut. Présentée comme « l’aboutissement d’une expérience de lecture » qui cherche à mettre en lumière la « pertinence » d’une écriture et « ne prétend à rien de définitif, d’exhaustif », ces pages offrent une étude thématique qui prolonge la réflexion. On retrouve ici les mêmes romans que dans les chroniques, ce qui peut paraître répétitif. Mais le propos englobe d’autres ouvrages et offre une analyse plus poussée à partir des textes eux-mêmes, dans le but de cerner une vérité qui ne cherche pas à mettre en relation « des faits de la vie et leur transcription dans l’œuvre » mais reste de l’ordre du romanesque. Sont tour à tour envisagées des questions essentielles telles les silences des familles, les paysages d’enfance, l’importance du corps, l’idéal de la rencontre ou encore une écriture du sensible et du quotidien.
La solitude va de pair avec la rencontre et l’amour
Une rencontre avec Yves Navarre, de Claude Guerre, illustre ce que Rilke écrivait dans Lettres à un jeune poète : « Les Œuvres d’Art sont d’une infinie solitude et rien n’est plus inapte à les atteindre que la critique. L’amour seul peut les saisir et les tenir, être juste envers elles. » La solitude, que Claude Guerre pose comme l’un des thèmes majeurs de l’œuvre d’Yves Navarre, va de pair avec la rencontre et l’amour dont il est aussi question dans ce livre. Chacun des romans évoqués, et l’œuvre dans son ensemble, est un appel à l’écoute et au partage. « Il n’y a pas d’autre accès à vos romans que le cœur » avançait Claude Guerre dans sa toute première lettre à Yves Navarre, en février 1978. Et dans son travail de recherche, aujourd’hui publié chez H&O, il écrivait : « Une œuvre n’a d’existence qu’en ce point de jonction fragile, intime, de l’écriture et de la lecture. » C’est aussi sur cette note que se termine son livre-témoignage.
Une Rencontre avec Yves Navarre est disponible uniquement sur le site des éditions H&O.
128 pages – 12,50 €
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