Il y a 50 ans, Yves Navarre publiait « Théâtre 1 »
- Karine
- Déc, 02, 2024
- Édition, Vie de l'auteur
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2024 marque le cinquantenaire de la parution de Théâtre 1 d’Yves Navarre, recueil au sous-titre évocateur : « théâtre des peurs et des pleurs ». Cet anniversaire offre l’occasion à Philippe Leconte de rappeler à quel point le théâtre joua un rôle primordial dans la vie et l’œuvre de l’auteur.
Navarre n’est pas un romancier qui s’amusa de temps à autre à écrire une pièce pour se changer les idées ou faire plaisir à une amie comédienne. Navarre est tout autant dramaturge que romancier ou poète. Et sa production théâtrale conséquente et constante depuis son entrée en littérature en 1970 jusqu’à sa disparition en 1994 en témoigne. Cinq pièces figurent au sommaire de Théâtre 1 publié chez Flammarion en 1974. Yves Navarre les livre à l’éditeur le 5 novembre 1973, en corrige les épreuves au mois d’avril 1974 et en signe le service de presse le 4 juin. En indiquant délibérément 1 après Théâtre, Flammarion pariait sur le fait qu’il y aurait d’autres volumes ; ce sera le cas en 1976 avec Théâtre 2, puis en 1982 avec Théâtre 3.
Il pleut, si on tuait Papa-Maman au Festival du Marais
Écrite pour Richard Fontana et Monique Mauclair, Il pleut, si on tuait Papa-Maman fut créée à l’occasion du Festival du Marais le 27 juin 1973 dans une mise en scène de Louis Thierry. Si la pièce fut sélectionnée pour le festival au mois d’avril, elle faillit bien être annulée pour des raisons de sécurité et c’est in extremis qu’elle fut jouée dans la cour du petit Hôtel de Fourcy, dans le 4e arrondissement de Paris. Une bonne critique de Colette Godard dans Le Monde et la perspective d’une reprise de la pièce convainquirent les éditions Flammarion d’envisager un recueil des pièces d’Yves Navarre. L’auteur avait écrit une autre pièce pour Richard Fontana et Monique Mauclair : La Voleuse de bigoudis. Un enregistrement radiophonique devait être retransmis en juin 1974, mais une grève de l’ORTF en décida autrement. Pour d’obscures raisons, elle ne fut pas intégrée dans Théâtre 1 et disparut des autres projets de recueils. Un tapuscrit fut heureusement retrouvé en août 2016 dans le fonds d’archives Yves Navarre en Pennsylvanie. Ce texte inédit put ainsi rejoindre l’édition des Œuvres complètes 1971-1974 chez H&O en 2018.
Champagne et Dialogue de sourdes : la rencontre avec Judith Magre
Le 1er avril 1973, Yves Navarre fit la connaissance de Judith Magre. Ce fut un coup de foudre entre l’écrivain et la comédienne, le début d’une amitié indéfectible entre le dramaturge et celle qui allait devenir sa muse. Le jour-même Yves Navarre décida de lui écrire deux chansons. Et c’est en pensant à elle que Navarre conçut Champagne. Au fur et à mesure de la rédaction de la pièce, l’enthousiasme de Judith Magre ne faiblira pas et des lectures seront organisées. L’œuvre étant relativement courte, Judith Magre envisagea de jouer à la suite Dialogue de sourdes. Lucien Attoun, fondateur de Théâtre ouvert lors du festival d’Avignon apportera son soutien à l’entreprise et le Théâtre de Poche fut désigné pour accueillir le spectacle. Tout alla pour le mieux jusqu’à une lecture désastreuse de la pièce complète au Théâtre de Poche le 5 novembre. Le lendemain, Navarre nota dans son journal : « Tout le monde se déteste dans ce milieu de théâtre. […] Je crois que Champagne ne sera pas joué. Point final. »
Freaks Society sur France Culture et à l’Espace Cardin
Écrite en 1973, Freaks Society restera la seule concrétisation de la collaboration entre Yves Navarre et Judith Magre. Celle-ci interpréta le rôle de Viva dans l’une des pièces majeures de l’auteur (et l’une des plus jouées). Yves Navarre, qui avait jusqu’alors écrit des pièces intimistes à deux ou trois personnages et en un acte, vit les choses en grand pour Freaks Society avec une pièce en quatre actes et sept personnages. Il n’y eut malheureusement qu’une création radiophonique. La pièce fut enregistrée les 22 et 23 janvier 1974, puis diffusée le 17 février dans le cadre du Nouveau répertoire dramatique de Lucien Attoun. Judith Magre était entourée par une distribution de tout premier choix avec Bulle Ogier, Monique Mauclair, Yves Rénier, Richard Fontana, Endo Tashiro et Daniel Ivernel. La réaction de Navarre fut toutefois en demi-teinte. Il nota dans son journal : « Freaks Society à la radio. Une distorsion entre les voix et les intonations que je porte en moi et celles que j’écoute. Platitude des deux premiers actes sans support visuel et “sans direction”. […] Émotion profonde des deux derniers actes. Frisson de la fin. Au finish. » La pièce fut montée plus tard par Pierre Pradinas : au festival Off d’Avignon en 1976 puis à l’Espace Cardin le 19 janvier 1977 avec, entre autres comédiens, Catherine Frot, Brigitte Bocage et Yann Colette.
Les Valises, « Un écho de moi-même »
Les Valises clôture Théâtre 1, mais cette pièce fut en fait la première rédigée puisqu’Yves Navarre l’écrivit en 1970. Elle fut diffusée à la radio le 16 avril 1973. L’auteur nota alors : « 17h30. J’écris mon journal en écoutant la retransmission des Valises sur France Culture. Mes parents sont là, en face de moi, en stéréo. Chez moi. Et je suis mal dans ma peau. Et cette multiplication, cet écho de moi-même me condamne. Toute cette pétrification de moi-même, c’est de la mort à l’état brut. […] Je ne sais plus aujourd’hui qui je suis, où j’en suis. » En 1980, Daniel Roussel monta la pièce à Montréal au Café de la Place (Place des Arts), avec Catherine Bégin et Aubert Pallascio. Elle fut jouée de janvier à mars. Yves Navarre fit le déplacement outre-Atlantique et commenta dans son journal, le 4 février : « Montréal, création des Valises, succès franc. J’avais peur de voir ma pièce et surtout de la relire. Or elle tient la scène. Des gens de théâtre heureux et qui n’ont pas honte de me le dire, comme ici, à Paris, heureux de jouer. »
Pour lire ou relire Théâtre 1 :
• en ebook, H&O 2018
• dans les Œuvres complètes 1971-1974 d’Yves Navarre, H&O 2018.
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