Yves Navarre, un ardent engagement dans l’écriture…
- Tipota
- Mai, 09, 2018
- Colloques, Événements
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Les 4 et 5 mai 2018, Liège accueillait le 4e colloque international Yves Navarre, sur le thème « Tenir en éveil la conscience – Engagement littéraire, politique et social chez Yves Navarre ». La cité ardente a permis aux participants non seulement de découvrir des informations inédites sur l’auteur et d’entendre de nouveaux points de vue sur son écriture, mais encore d’aller à la rencontre des écrivains qui ont vécu à Liège ou l’ont mise en scène ainsi que de ceux qui ont participé à la libération homosexuelle…
Le 4e colloque Yves Navarre s’est ouvert jeudi 3 mai au soir par une réception au Palais des Princes Évêques de Liège où Stéphanie Koch a accueilli chaleureusement l’équipe des Amis d’Yves Navarre et les intervenants au nom du député provincial Paul-Emile Mottard, président du PAC de Liège. Le colloque lui-même s’est tenu les deux jours suivants à la Bibliothèque Chiroux. Huit intervenants se sont succédé, mêlant travaux de recherche historique, analyses littéraires, approches sociologiques et témoignages personnels.
Karine Baudoin et Philippe Leconte ont tous deux livré des informations inédites sur l’engagement syndical et politique d’Yves Navarre, notamment grâce à l’apport du Journal personnel de l’auteur. Il a été question avec Karine Baudoin du rôle que joua ce dernier en 1975 et 1976 aux côtés de Marie Cardinal dans la création du syndicat des écrivains de langue française et de sa vision particulière de la mission du SELF, « syndicat modeste et déterminé ». Philippe Leconte de son côté a retracé les relations entre Navarre et Mitterrand, immergeant par exemple les auditeurs dans l’euphorie de la première manifestation homosexuelle d’envergure à l’origine des futures Marches des fiertés, en avril 1981, mais aussi dans le doute et les désillusions qui suivirent, même si le lien entre l’écrivain et les époux Mitterrand ne fut jamais rompu.
Avec sa lecture de Romances sans paroles (1982), Claude Guerre a mis en évidence la prégnance de la vie politique et sociale dans l’œuvre d’Yves Navarre, son regard lucide et acéré sur le pouvoir, la dénonciation d’un système politique dévoyé. Frédéric Canovas s’est appuyé sur Le temps voulu (1979) pour sensibiliser son public à « l’apport politique d’une approche poétique » d’un écrivain qui s’attachait à « dire les choses, dire les êtres et les faits », tout en évoquant sa rencontre avec Yves Navarre. Pour Francis Lamberg, la rencontre a eu lieu avec la lecture du Jardin d’acclimatation (1980). Yves Navarre est l’écrivain qui a le plus marqué le jeune adolescent qu’il était car il trouvait dans ses livres des échos de sa propre expérience et a pu y puiser la force d’être lui-même.
Amandine Maes, qui a étudié une partie de l’œuvre d’Yves Navarre à l’aide d’une grille de lecture queer, a exposé sa méthode d’analyse en s’appuyant principalement sur Une vie de chat (1986) et Les dernières clientes (Théâtre 2, 1976) dont elle a révélé l’indétermination identitaire et genrée. Le public a ainsi pu redécouvrir cette pièce avec un regard neuf. Le sociologue spécialiste de Guy Hocquenghem, Antoine Idier, s’est interrogé sur l’identité gay et sur les positions d’Yves Navarre à cet égard, sous l’angle de l’engagement politique et littéraire, s’attachant à cerner les raisons pour lesquelles Navarre comme Hocquenghem ont tous deux refusé l’appellation d’ « écrivain homosexuel ». Sylvie Lannegrand a conclu le colloque en proposant des pistes de réflexion sur la notion d’engagement dans l’écriture même ; des passages de Ce sont amis que vent emporte (1991) et de La vie dans l’âme (1992) ont illustré l’importance des notions d’acte et de risque, et la place centrale de l’écriture comme acte de nature politique, lieu de l’engagement et de la lutte, tant personnels que collectifs.
Deux événements off à la découverte de Liège
Les Amis d’Yves Navarre et les participants au colloque avaient rendez-vous le vendredi soir avec deux guides touristiques, Servais Grailet et Guy Delhasse, pour découvrir le patrimoine architectural de Liège et ses « accents littéraires ». Cette balade en compagnie de M. Jean-Marie Verdière, directeur de la Maison du Tourisme du Pays de Liège, aura permis d’évoquer Georges Simenon, Conrad Detrez, San Antonio, Agatha Christie ou encore Alexandre Dumas…
Le lendemain Vincent Louis, professeur de littérature et Cyrille Prestianni, président de la Maison Arc-en-ciel de Liège donnaient une soirée lecture autour des « écrivains de la libération homosexuelle » au siège de l’association. Ils ont notamment lu des extraits du Petit galopin de nos corps (1977), de Portrait de Julien devant la fenêtre (1979) et du Temps voulu (1979) ou encore des pages signées Conrad Detrez, Dominique Fernandez et Guy Hocquenghem, entre autres auteurs.
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