Yves Navarre : une grande œuvre saluée à l’Institut de France
- Tipota
- Nov, 01, 2021
- Colloques, Événements, Vie de l'association
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Le cinquième Colloque Yves Navarre organisé par les Amis d’Yves Navarre à l’Institut de France le 25 octobre 2021 a plus que comblé les attentes des lectrices et des lecteurs de l’auteur et conquis celles et ceux qui le découvraient. Le succès de l’événement tint à la fois à la ferveur du public, à la qualité des interventions et au cadre majestueux de la grande salle des séances de l’Institut de France. Analyses, lectures et diaporama ont permis de mettre en lumière les multiples facettes de l’œuvre et de la vie d’Yves Navarre.
Dans une allocution d’ouverture très émouvante, Monsieur le Chancelier Xavier Darcos a évoqué les liens personnels et familiaux qu’il entretenait avec Yves Navarre et rendu hommage à « un grand auteur dont la résonance ne cesse de grandir », « reconnu par l’Académie française comme un romancier majeur de la littérature française du dernier tiers du XXe siècle » avec le Prix Amic « pour l’ensemble de son œuvre » décerné en 1992. Monsieur Darcos a célébré dans son discours « cet auteur trop tôt disparu et dont la mémoire aurait pu s’estomper », qu’il était important de remettre en lumière.
Romans, théâtre, poésie ont été mis à l’honneur au cours de deux demi-journées consacrées aux liens familiaux, à la parenté littéraire et à la postérité. Trois intervenants se sont succédé au cours de la séance de la matinée. Frédéric Canovas a tout d’abord évoqué l’importance et la fonction des « maisons de famille » dans plusieurs ouvrages d’Yves Navarre, cadre où se nouent et se dénouent les drames familiaux, et souligné l’importance des figures paternelles dans les textes de l’auteur. Dans un exposé détaillé centré sur l’ouvrage posthume La Ville atlantique, Hervé Malblanc a exploré les diverses familles d’Abel Klein, personnage à l’identité élusive en quête du frère, qui sème des fragments d’écriture au gré de ses voyages, en hypothétique héritage. L’étude de François-Régis Navarre sur « la poétique de l’attachement » a réussi à allier un émouvant témoignage personnel sur Yves Navarre et une analyse intellectuelle rigoureuse sur le rapport à l’écriture et les liens familiaux et amoureux tels qu’ils se déclinent dans l’œuvre. En fin de matinée, Hélène Arié et Jean-François Chatillon offrirent à l’auditoire la magnifique lecture de plusieurs extraits des Valises, pièce de théâtre mettant en scène le couple des parents. Entendre la voix d’Yves Navarre servie par des comédiens de talent, dans un lieu aussi prestigieux, entre les statues de Molière et de Corneille, avait de quoi émouvoir.
La séance de l’après-midi présidée par Frédéric Mitterrand fut tout aussi riche en émotions. Serge Hefez confia un très beau témoignage « à voix nue », évoquant ses souvenirs de l’homme qu’il avait connu dans l’intimité tout en offrant une analyse du rapport de l’écrivain à la famille. Philippe Leconte retraça ensuite l’amitié entre Yves Navarre et Marguerite Duras à partir d’extraits du journal personnel de l’auteur, dans une intervention riche de détails sur ces deux figures littéraires de la seconde moitié du XXe siècle. Son intervention fut suivie par celle de Sylvie Lannegrand qui, en s’appuyant sur des textes variés, proposa une réflexion sur la postérité au sens de descendance et de transmission pour aborder en fin de présentation la postérité d’Yves Navarre dans les domaines artistiques. Enfin, Anne de Tienda évoqua avec émotion les moments qui précédèrent et suivirent la disparition d’Yves Navarre, le quotidien d’une amitié forte qu’elle partageait avec l’auteur depuis 1984 et l’AVC de ce dernier. Point d’orgue de l’après-midi : la bouleversante mise en scène de poèmes de l’auteur par l’artiste Bruno Bisaro. L’interprétation magistrale qu’il fit de plusieurs textes du recueil Chants de tout et de rien, Chants de rien du tout captiva l’auditoire.
En clôture de cette journée exceptionnelle, il fut donné de voir et d’entendre Yves Navarre dans un diaporama préparé par Karine Baudoin, illustré par la chanson de Dominique A Immortels et par un extrait de l’émission Bienvenue au Paradis (France Inter, 27 février 1989) : «… le paradis pour moi, ce serait que mes livres circulent… » C’est bien à cette tâche que se consacrent l’équipe des Amis d’Yves Navarre et les éditions H&O dirigées par Henri Dhellemmes qui présenta le troisième volume des Œuvres complètes, consacré aux années 1977-1979, « pierre au monument éditorial que nous avons décidé de construire à la mémoire d’Yves Navarre et au rayonnement de son œuvre ».
Crédits photo : Philippe Ferrer et Claude Goga.
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